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compte rendu du suivi réalisé en 1993 et 1994 |
Dénomination (communes) |
Superficie totale |
Description |
Noyant-Baugé |
||
(Baugé, Pontigné, Chavaignes, Genneteil, Chigné, Lasse, Auverse, Noyant, Dénezé-sous-le-Lude) |
8 400 |
Plateau avec ondulations.
Polyculture-élevage au sein dun bocage
clair à Chêne pédonculé
et Orme. |
Brion |
||
(Brion et Chartrené) |
1 200 |
Rebord de plateau avec buttes. Polyculture-élevage avec bocage clair à Chêne pédonculé et Orme. Moins de 10 % de prairies de fauche en 1994 (très forte régression par rapport à 1993 sous leffet de mises en cultures). |
Longué |
||
(Longué-Jumelles) |
303 |
Lit majeur endigué de la Loire et de
lAuthion. Élevage dominant (41 % de
prairies permanentes pâturées ou
fauchées) et cultures. Bocage clair à
Frêne oxyphylle, Chêne
pédonculé et Saule blanc. Important
linéaire de buissons. Quelques
peupleraies. |
Allonnes et Brain-sur-Allonnes |
||
|
575 |
Lit majeur endigué de la Loire et de lAuthion. Bocage clair à Frêne oxyphylle avec moins de 140 ha de prairies permanentes en régression rapide et dispersées. Polyculture-élevage. Haies basses peu abondantes. Communes remembrées. |
Vallée de la Tau |
||
(Montjean-sur-Loire, Le Mesnil-en-Vallée, Saint-Laurent-du-Mottay, Saint-Florent-le-Vieil) |
1 100 |
Lit majeur endigué de la Loire et de la
Tau et île de Loire. Élevage et
cultures fourragères au sein dun
bocage très clair ou absent à
Frêne oxyphylle, Chêne
pédonculé et Orme avec haies basses
localisées. Quelques peupleraies. |
Fontevraud |
||
(Fontevraud et Saix-86) |
400 |
Plateau occupé par un camp militaire avec
champ de tir et parcours dengins
blindés. Végétation
herbacée dominante avec taches de landes
à bruyères et ajoncs, ronciers et
petits bosquets de feuillus. |
3. Estimation des effectifs départementaux
3.1. Méthodologie
Cette évaluation s'avère délicate
à réaliser en raison de la distribution
très hétérogène de
l'Écorcheur en Maine-et-Loire (BEAUDOIN
1993), en particulier dans les vallées de la
Loire et de l'Authion - principaux bastions de
l'espèce - où l'aire occupée est
fragmentée en îlots. De ce fait, l'estimation
proposée repose sur deux méthodes :
une extrapolation au nord-est du
département à partir d'une très vaste
surface-échantillon ;
une appréciation semi-empirique pour les
autres régions fondée sur de solides acquis
antérieurs (BEAUDOIN loc. cit.) et les
recensements de 1993 et 1994 sur les zones de suivi et hors
de celles-ci.
Ainsi, il semble désormais possible d'affirmer qu'il
n'existe plus en Maine-et-Loire de noyaux de peuplement
substantiel encore inconnus, comme ce fut le cas avec la
zone de Longué jusqu'en 1993. En effet, il n'y a
pratiquement plus d'oiseaux en vallée de l'Authion
entre la zone d'Allonnes et Brain-sur-Allonnes et celle de
Longué (Patrick RABOIN, comm. pers.) de même
que plus à l'ouest où les mises en culture
assez récentes ont supprimé la
quasi-totalité des milieux favorables. Dans le val de
Loire, en aval des Ponts-de-Cé, diverses prospections
(Gilles MOURGAUD et obs. pers.) ont montré
l'absence de l'espèce en amont de Montjean-sur-Loire
- à l'exception, peut être encore, de
l'île de Chalonnes - malgré le maintien de
quelques secteurs propices entre Rochefort-sur-Loire et
Saint-Jean-de-la-Croix.
Par ailleurs, les 6 zones retenues hébergent une
fraction importante de l'effectif départemental. En
effet, si l'on admet que la plupart des mâles
signalés comme isolés sont en
réalité appariés - ce que
suggèrent très fortement les résultats
sur les zones ayant fait l'objet d'une prospection
très soutenue - il est possible d'envisager sur ces
zones la présence de 95 couples en 1993 et de
près de 100 en 1994. En outre, 15 couples en
1993 et 12 en 1994 nous ont été
signalés hors de ces zones. Au total, il est
raisonnable d'envisager que les comptages menés ces
deux années ont permis de prendre contact avec au
moins la moitié de la population du
Maine-et-Loire.
3.2. Effectifs des régions naturelles
3.2.1 Baugeois
En 1993, P. CARIOU a contacté un minimum de 31 couples sur 27 500 hectares prospectés de façon approfondie. Cette superficie est répartie sur 20 communes du nord-est de la région (cf. carte p. ) et comprend la zone de suivi définie entre Noyant et Baugé. La densité obtenue sur cet échantillon paraît pouvoir être extrapolée à une étendue de 58 300 ha située à l'est d'une ligne Vaulandry - Baugé - Beaufort-en-Vallée. Cet ensemble serait occupé par au moins 66 couples. À l'ouest, où une dizaine de couples sont connus, les densités sont plus faibles et l'effectif ne doit pas y dépasser 25 couples. Au total, l'effectif moyen du Baugeois doit être d'à peine 95 couples.
3.2.2 Saumurois
18 couples connus sur la période 1980-1989 (BEAUDOIN 1993), et environ 22 couples en 1994. L'effectif total peut y être estimé à 40 couples (sur la zone de suivi de Fontevraud, 2 couples seulement sont en Maine-et-Loire et tous les autres dans le département de la Vienne).
3.2.3. Vallée de la Loire
En amont des Ponts-de-Cé seul le val d'Authion est
occupé par 44 couples et 10 mâles en
1994. L'effectif peut en être estimé à
75 couples. Sur la portion aval, il ne doit pas y avoir
plus de 10 couples.
Ces estimations ainsi que les fourchettes proposées
dans le cadre de l'enquête sont
récapitulées dans le tableau 3.
Nombre de couples |
|||
Régions naturelles |
Valeur moyenne |
min. |
max. |
Baugeois |
95 |
80 |
110 |
Saumurois |
40 |
30 |
50 |
Val de Loire |
85 |
70 |
95 |
Total |
220 |
180 |
255 |
Ajoutons pour l'anecdote la présence en juin 1994 d'un mâle cantonné sur la commune de Saint-Michel-et-Chanveaux dans l'extrême nord-ouest du Segréen, soit très à l'écart de l'aire angevine de répartition.
4. Discussion
Dans une précédente mise au point sur le
statut de la Pie-grièche écorcheur au cours de
la période 1980-1989, nous avions envisagé un
effectif départemental pouvant dépasser la
centaine de couples et «
même
assez nettement plus lors des bonnes
années. » Les résultats obtenus
au début de la présente enquête montrent
que cette estimation était trop basse,
essentiellement en raison d'une prospection encore
insuffisante.
Toutefois divers éléments incitent à
penser que les années 1993 et 1994 furent
caractérisées par un niveau d'abondance
remarquable, peut-être consécutif à des
conditions de nidification souvent très favorables
durant la période 1989-1992. À l'appui de
cette hypothèse, le fait que sur la zone d'Allonnes
et Brain-sur-Allonnes, régulièrement suivie
depuis 1985, l'effectif ait fluctué entre 10 et un
peu plus de 20 couples alors qu'il atteignait la
trentaine en 1993 et 1994. Cependant, il faut être
très prudent dans la comparaison des données
car, au cours de ces deux premières années
d'enquête, le recensement précis des couples
cantonnés dans les zones à fortes
densités s'est avéré difficile et
très exigeant en temps consacré sur le
terrain.
Ces deux années d'enquête ont aussi
confirmé le caractère relictuel de la
distribution de la Pie-grièche écorcheur sur
de vastes secteurs de l'Anjou oriental avec des
densités très faibles - de l'ordre de
0,1 couple aux 100 ha dans le Baugeois - et le
maintien de rares noyaux fortement peuplés
(13 couples pour 100 ha sur la zone de
Longué) et surtout concentrés dans les
vallées de la Loire et de l'Authion.
Au niveau de la région des Pays de la Loire
(tableau 4), la contribution des effectifs de
Maine-et-Loire est de l'ordre de 22 %, ce qui n'est pas
négligeable.
Département |
Effectif moyen (couples) |
Fourchettes |
Mayenne |
10 |
|
Sarthe |
? 2 |
|
Maine-et-Loire |
220 |
(180-255) |
Loire-Atlantique |
? 415 |
(253-576) |
Vendée |
300-350 |
|
Total |
950-1000 |
|
La préservation de l'espèce passe en
priorité par la pérennisation des milieux les
plus favorables. L'une des retombées
immédiates de l'enquête est la
définition, dès 1994, d'un
périmètre en Zone naturelle
d'intérêt écologique, faunistique et
floristique (ZNIEFF) de type 1 sur la zone de
Longué et sur une partie de la zone de
Brain-sur-Allonnes non encore inscrite à cet
inventaire. À la demande de la Direction
départementale de l'Agriculture et de la Forêt,
la LPO Anjou a ensuite réalisé une
étude des zones naturelles de la vallée de
l'Authion (LOIR & MOURGAUD 1995)
comportant des propositions de mesures de gestion
destinées à limiter les effets de
l'opération d'aménagement foncier liée
à l'implantation de l'autoroute A85 entre Tours
et Angers. Toutefois, faute d'incitation financière,
il apparaît que peu de ces propositions ont
été retenues comme en témoignent
actuellement les mises en culture et arrachages de haies
(Véronique VIMONT, comm. pers.)
Sur la Loire en aval des Ponts-de-Cé une
opération locale Vallée de la Loire
engagée en 1995 pour 5 années et ayant
pour objectifs le maintien en prairie et l'entretien des
haies, devrait contribuer à la préservation
et, peut-être, à l'extension des habitats
recherchés par la Pie-grièche
écorcheur.
Remerciements
Outre les participants à l'enquête, nous
tenons à remercier les observateurs suivants qui nous
ont transmis des données recueillies hors des zones
de suivi :
Christian CARDIN,
Jean&endash;François CORNUAILLE,
Hervé COZANNET, Jean&endash;Marc GILLIER et
Patrick RABOIN ainsi que Véronique et
Olivier VIMONT qui suivent de près la zone de
Longué.
Bibliographie
BEAUDOIN J.-Cl., 1993. -
Mise au point sur les Pies-grièches Lanius
collurio, L. senator et L. excubitor
nichant en Maine-et-Loire sur la période
1962-1989. Bull. Gr. Angevin Ét. Orn.,
21 (44) : 43-50.
JOLIVET Chr., VERNEAU A., BESLOU M.,
1995. - La Pie-grièche écorcheur
Lanius collurio en Loire-Atlantique : enquête
départementale 1994. Spatule, 1 :
2-14.
LOIR O., MOURGAUD G., 1995. -
Étude des zones naturelles de la vallée de
l'Authion. LPO Anjou : 1-22 + cartes et
annexes.
MAYENNE NATURE ENVIRONNEMENT, non
daté. - Enquêtes nationales
Pies-grièches. Actes des
XIII e rencontres régionales
d'ornithologie du Grand Ouest, p. 12.