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Introduction C'est dans le cadre d'un programme d'étude et de
baguage du Centre de recherches sur la biologie des
populations d'oiseaux (CRBPO) sur les Busards que nous
commençons nos activités en 1992 avec les
Busards cendrés et Saint-Martin. Comme nos
collègues ailleurs en France, le volet protection
devient vite à nos yeux une priorité, car les
moissonneuses sont impitoyables et le spectacle de poussins
ainsi détruits suffit à nous en faire prendre
conscience. 1. Présentation du secteur de suivi 1.1. Aire couverte et carte de
situation Notre zone d'étude couvre une surface de
20 000 hectares, formée par un carré
grossier de 15 km de côté, au sud-est du
Maine-et-Loire, encadré par les communes de
Montreuil-Bellay, Saumur et Fontevraud, avec adjonction
à l'ouest d'un secteur autour des
Verchers-sur-Layon. 1.2. Description sommaire des habitats On peut distinguer deux milieux dominants : 2. Résultats concernant le Busard cendré
(tabl. 1) Il est intéressant de comparer globalement ces
deux années, sachant que 1993 était une
année de pullulation des campagnols, ce
phénomène cyclique entraîne des chiffres
records en favorisant les conditions de reproduction de
l'espèce. 3. Résultats concernant le Busard
Saint-Martin Suite à notre première année
d'étude et d'essai en 1992, nous avons
décidé de changer nos objectifs quant à
cette espèce : en effet, le temps
nécessaire à la prospection des sites, puis la
localisation des couples étaient trop importants face
au besoin et à l'urgence imposés par la
protection des Busards cendrés. 4. Choix du type d'intervention Nous utilisons plusieurs méthodes, chacune ayant
ses avantages et ses inconvénients. Il faut
appréhender plusieurs facteurs avant de choisir le
mode d'intervention, et le choix comporte toujours des
risques à partir du moment où l'on intervient
dans le processus de reproduction d'une espèce. 1? déplacement avec reconstitution d'un
simple puits de paille, après le passage de la
moissonneuse. 2? déplacement avec reconstitution d'un
nid avec clôture. 5. Données sur l'alimentation des
poussins Nous n'avons pas réalisé d'étude
précise comme il en existe ailleurs en France et en
Europe (voir bibliographie). Nous avons simplement
relevé et tenté d'identifier des restes de
proies dans les nids lorsqu'il y en a, et observé les
scènes d'échanges de proies aériens par
les adultes, pour avoir une idée sur les proies
apportées aux poussins, à chaque fois que
l'occasion se présente. 6. Analyse des reprises d'oiseaux bagués et
contrôles d'oiseaux marqués Ces données fournissent divers renseignements
physiologiques, biométriques, mais aussi biologiques
(comme sur la philopatrie de l'espèce). 6.1. Jeunes 1? en 1994, capture d'un oiseau mâle
d'un an (c'est-à-dire dans sa deuxième
année civile), bagué par nous au nid à
environ 4 km de là en 1993. 2? les 18 et 26 juin 1994, deux oiseaux
différents portant des marques alaires sont
observés et identifiés comme des femelles d'un
an à Méron. Après vérification,
ils ont été bagués par Alain LEROUX en
Charente-Maritime tous les deux, sur des sites
différents, l'un estimé mâle, l'autre
femelle lors du baguage poussin au nid. Il s'agit donc
à nouveau d'oiseaux dans leur deuxième
année civile, errant à environ 145 km de
leur lieu de naissance. 6.2. Adultes Une femelle nicheuse est baguée en 1993, puis
contrôlée nicheuse à nouveau en 1995
à environ 7 km du lieu de baguage.
Remerciements Nos remerciements vont naturellement à toutes
celles et ceux qui ont aidé les busards avec nous, en
particulier A. BLIN, J.-Fr. CORNUAILLE, Chr. JOLIVET et les
adolescents bénévoles qui nous ont rejoint par
l'intermédiaire du FIR, pour leur participation
active à notre étude, mais aussi toutes les
autres personnes et les agriculteurs qui soutiennent nos
actions, pourtant à une époque de
l'année de forte activité dans leurs
exploitations.
Bibliographie BROCHET J., GIZART L., LEROUX A.,
1995. - Retour et nidification du Busard cendré
à l'âge d'un an. L'Orfraie, 33 :
49-51.
des Busards cendrés Circus pygargus
et Saint-Martin Circus cyaneus
dans le sud-est du Maine-et-Loire en
1993-1994
Chaque printemps est pour nous une nouvelle mission, celle
de protéger le plus d'oiseaux que nous pouvons, avec
quelques volontaires et l'aide des agriculteurs, dans le
cadre d'une étude scientifique. Et après une
quarantaine de journées par homme sur le terrain,
quelques milliers de kilomètres parcourus, c'est
l'heure des bilans annuels.
La première année d'étude en 1992
orienta nos prospections vers les secteurs favorables pour
les Busards, réduisant les surfaces
prospectées à environ
15 000 hectares en 1993, puis environ
13 000 hectares en 1994, avec quelques
interventions en dehors de la zone prédéfinie
(cf. carte).
les milieux naturels
C'est la lande à bruyère et ajoncs. Elle est
utilisée par les deux Busards ; le secteur
principal dans la zone d'étude est sur le camp
militaire de Fontevraud. (il faut préciser qu'une
décision éthique nous interdit toute
intervention sur les nids de Busards cendrés nichant
en milieu naturel dans le Maine-et-Loire afin de
préserver la fragile tranquillité de ces
oiseaux).
les milieux artificiels
Ce sont les zones agricoles, cultivées ou en
jachère, couvrant la majorité de la zone
prospectée de façon soutenue, et abritant
surtout des nichées de Busards cendrés. C'est
dans ces milieux que se concentrent nos efforts pour
quelques raisons évidentes : l'urgence
imposée par l'échéance des moissons, la
facilité relative de prospection (observations,
déplacement en véhicule). Ce sont aussi ces
milieux qui abritent la quasi-totalité des effectifs
de Busards cendrés.
Ajoutons que la zone d'étude constitue
désormais le principal bastion en Maine-et-Loire du
Busard cendré dont la population a été
estimée à un minimum de 24-25 couples
lors d'une enquête réalisée en 1985-1986
(PRÉAU et al.
1988).
Bien qu'il y ait un décalage dans la
phénologie de la reproduction entre les deux
espèces, il était difficile d'assurer
correctement les deux tâches, avec nos moyens.
Rappelons que nous n'avons trouvé par la suite qu'un
nid de Busards Saint-Martin (en 1995) dans des
céréales, et que cette espèce niche
principalement en milieu naturel dans la zone
d'étude.
La protection étant à nos yeux la
priorité, c'est le suivi en milieu cultivé que
nous pratiquons principalement.
Pour la période concernée, nous n'avons donc
trouvé qu'un nid et bagué les jeunes dans une
plantation de résineux en 1993, et il n'y a eu aucune
intervention sur cette espèce en 1994.
Les principaux critères à prendre en compte
sont, entre autres choses :
l'âge de la nichée ;
la nature de la culture où est
situé le nid ;
la date prévue des moissons, ou autres
travaux agricoles ;
la nature des cultures, et leur distance, autour
de la parcelle où est situé le nid ;
l'agriculteur : le connaît-on ?
quelles relations peut-on établir avec lui ?
la proximité de facteurs à
« risques » : route,
maison
Les méthodes de protection ne sont pas
particulières, mais celles utilisées
également par les autres équipes
protégeant les Busards en France ; elles sont au
nombre de deux :
Cette technique est valable pour des poussins assez
âgés, dont le séjour dans le nid n'est
plus très long ; en effet les oiseaux sont ainsi
très vulnérables aux prédateurs. Nous
avons mis en évidence le taux de mortalité en
relation avec la durée du séjour dans le nid
de substitution.
Nous avions d'abord utilisé des canisses pour
entourer le nid en pensant qu'il serait plus cryptique dans
un champ moissonné, mais le manque de rigidité
de l'ensemble nous le fit abandonner au profit de grillage
galvanisé (type « poulailler »).
Le nid reconstitué peut être dissimulé
dans un carré de céréales
laissées sur pied, lorsque c'est possible. Il faut
noter que nous obtenons de bons résultats en
installant ce nid de substitution dans des tournesols, quand
il n'y a que cette culture à proximité. La
grande différence de l'aspect des abords du nid nous
avait fait craindre le pire lors du premier essai de ce
type, mais il n'en fût rien.
Cette technique du nid clôturé permet de
déplacer les poussins plus jeunes que la
méthode précédente.
Enfin il faut préciser qu'en 1994, deux
nichées de Busards cendrés ont
été transportées en centre de soins,
car il n'y avait aucune autre solution pour sauver les
oiseaux. Cette option reste ultime, et n'a jamais
été reconduite.
Cette méthode, proche de l'« observation
instantanée », corrobore les
résultats plus scientifiques par analyse de pelotes
(PARIS 1996). Pour le Busard cendré nous avons donc
noté :
une majorité de rongeurs, même les
années creuses suivant une année de
pullulation, comme en 1994 ;
des gros insectes, ceux identifiables
appartenant à l'ordre des Orthoptères et des
Coléoptères ;
une minorité d'oiseaux, parmi les
espèces proies potentielles fréquentant le
même biotope que le Busard cendré :
l'Alouette des champs Alauda arvensis
(2 juvéniles), le Bruant jaune Emberiza
citrinella (1 mâle adulte).
Notons aussi la présence d'ufs de Perdrix
grise Perdix perdix (à une occasion, 2 dans un
nid !), et des plumes de passereaux
indéterminés.
Au moins deux remarques peuvent être apportées
sur cette capture :
nous l'avions estimée femelle lors de son
baguage d'après la couleur de l'iris, ce qui prouve
d'une part la difficulté de cette méthode mais
aussi notre inexpérience, que nous avons
améliorée par la suite en affinant la
méthode de détermination de la couleur de
l'iris des jeunes.
Il est fréquemment mentionné dans la
littérature, et prouvé, que des oiseaux d'un
an restent en Afrique durant leur deuxième
année, ne revenant qu'à leur troisième
année, à l'âge de deux ans.
Cet oiseau était en compagnie d'un second,
également en plumage de mâle d'un an, mais qui
n'a pu être capturé. Cette particularité
n'est pas exceptionnelle, et a déjà
été observée ailleurs (BROCHET
et al. 1995).
Ces quelques contrôles nous apprennent que la
philopatrie s'exerce aussi bien sur un site précis,
qu'une zone plus grande de plusieurs dizaines de
kilomètres carrés, ou à un vaste
secteur géographique comme l'Ouest de la France.
CRAMP St., SIMMONS K. E. L. (eds),
1979. - The Birds of the Western Palearctic.
Vol. II. Oxford university press, Oxford.
MEYBURG B. U., CHANCELLOR
R. D., 1994. - Raptor conservation today
(proceedings of the IVth world conference on birds of prey
and owls). Pica press.
PARIS S., 1996. - Bilan de
7 années de suivi du Busard cendré dans
le département de l'Aube. L'Orfraie, 34 :
13-29.
PRÉAU L.-M., avec BEAUDOIN
J.-Cl., GENTRIC A., 1988. - Effectif du Busard
cendré Circus pygargus nicheur en
Maine-et-Loire : bilan de l'enquête
1985&endash;1986 et comparaison avec l'enquête
FIR-UNAO 1979-1981. Bull. Gr. Angevin Ét.
Orn., 17 (40) : 44-47.