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1. Rappel du statut local L'espèce se montre régulièrement aux
deux passages et niche très localement dans deux
sites du Saumurois, au sud-est du département
(LE MAO 1979). 2. Suivi de la nidification en 1989 et 1990 2.1. Matériel et méthodes Les observations sont réalisées à
l'aide d'une paire de jumelles et d'une longue-vue. Un plan
a été réalisé sur chaque
carrière avec délimitation des territoires de
chaque couple et la localisation du nid. Les
séquences de suivi des oiseaux se sont
déroulées de jour. Les observations ont
été réalisées par Thierry LACAZE
sur le site de Méron en 1989 et 1990 ainsi que sur le
site de la plaine des Douces en 1990 tous les 6 jours
environ, et par Patrice PAILLEY sur la plaines des Douces
tous les 2-3 jours en 1989. L'étude s'est
axée sur la plaine des Douces, bastion du Traquet
motteux en Maine-et-Loire. 2.2. Résultats 2.2.1. Installation des nicheurs C'est entre le 20 et le 30 avril qu'a lieu
l'installation des nicheurs locaux et, début mai, les
couples sont formés et les territoires
délimités. La densité sur la zone
d'étude de la plaine des Douces est d'un couple pour
1,5 ha. La taille des territoires varie selon la
densité des nicheurs : ainsi, sur l'île de
Skokholm (Pays de Galles), elle peut varier entre 1,5 et
2,9 ha (CRAMP 1988 :
780). PIERRE (1987) cite des
densités de 1,8 à 2,5 couples pour
10 ha sur divers sites artificiels du Luxembourg. 2.2.2. Pontes et production des jeunes Une seconde ponte est constatée chaque
année : elle concerne 5 des 7 couples
suivis en 1989 et 4 ou 5 des 6 ou 7 couples en 1990. Le
fait avait déjà été
envisagé par LE MAO
(1979). 3. Avenir de la population angevine L'arrêt de l'exploitation du falun et la
transformation des carrières constituent le principal
facteur de régression sur la plaine des Douces (cf.
tableau 1). La diminution du pâturage extensif
opère de même sur la champagne de Méron
où la population qui comp-tait 4 ou 5 couples
dans les années soixante-dix paraît
désormais éteinte. Ce constat n'incite donc pas à l'optimisme et le
seul site encore favorable a priori demeure celui du
camp de Fontevraud où la reproduction reste à
prouver. Remerciements Nous remercions pour leur aide dans ce travail, Alain
FOSSÉ, Jean-Michel LOGEAIS, Myriam PAILLEY et Thierry
PRINTEMPS. Bibliographie ARMOUET A.,
FOUQUET M., 1995. - Traquet motteux, in GODS.-
Oiseaux nicheurs des Deux-Sèvres. Groupe
ornithologique des Deux-Sèvres. Niort. pp. 139
et 197. 1 terre labourée
au printemps ou en été et ensemencée
à l'automne.
en Maine-et-Loire
Au printemps, la mention la plus précoce est du
4 mars 1989 et d'après un suivi
réalisé dans le Choletais entre 1981 et 1990
(J.-M. LOGEAIS, comm. pers.), le passage débute
ordinairement autour du 10 mars et présente un
pic marqué 10 à 15 jours plus tard. Se
poursuivant en avril, le mouvement prénuptial
s'étire jusque dans la troisième semaine de
mai au moins. Des oiseaux présentant l'aspect de la
grande race nordique leucorhoa ou s'en approchant,
sont signalés à partir du 10 avril et
surtout en mai.
La migration postnuptiale débute à la fin de
juillet en Anjou et s'achève à la
mi-octobre ; des retardataires se montrent
jusqu'à la fin de novembre et un oiseau a même
été observé le 3 décembre
1989 à proximité du lac du Verdon/Cholet.
L'espèce est notée nicheuse pour la
première fois par MILLET
(1865 : 444) «
dans les
guérets1
des landes défrichées
» de
Querré, Sceaux-d'Anjou et Thorigné, trois
communes du nord du département. Il faut ensuite
attendre 1966 et 1967 pour la confirmation de sa
nidification au cours de ce siècle :
3 juvéniles à peine
émancipés sur la plaine de Méron et un
couple cantonné sur celle des Douces près de
Doué-la-Fontaine (BEAUDOIN
1968). De nombreuses preuves de reproduction seront
obtenues sur ces deux sites dans les années suivantes
(LE MAO 1979) et très
récemment des indices de cantonnement ont
été recueillis dans le camp militaire de
Fontevraud, en limite avec le département de la
Vienne.
Ces trois sites sont très artificialisés et
présentent les caractéristiques
suivantes :
celui de Méron/Montreuil-Bellay
est en partie dans une zone industrielle avec friches et
pâtures entretenues par des ovins - et des lapins dans
une moindre mesure ; des soubassements de ruines y
favorisent la nidification ;
celui de Fontevraud est au sein d'un camp
militaire. Le biotope est constitué de landes,
friches, rochers et zones pierreuses. Le site est
« entretenu » par les militaires qui
l'utilisent comme terrain de manuvres pour les engins
blindés avec tirs et, pour maintenir le milieu en
l'état, ils recourent à des
incendies ;
le site de la plaine des
Douces/Montreuil-Bellay est constitué de
carrières de falun (sédiment coquillier du
Miocène) remblayées sur le dessus par les
restes de l'incinération d'ordures
ménagères. Les parties excavées sont
occupées par les remblais de l'extraction de falun et
divers autres déchets de notre civilisation. L'une
sert de dépotoir géré et une grande
partie des autres est utilisée par une école
de travaux publics. Ces dernières abritent
l'espèce.
Les deux sites où la nidification est effective sont
entourés de prairies et de champs indispensables
à l'alimentation de l'oiseau.
Les oiseaux angevins semblent fidèles au lieu de
reproduction de l'année précédente et
semblent réutiliser le même tas de cailloux
pour nicher, mais aucun n'a été capturé
et marqué.
Nous avons suivi un mâle en 1989 et deux autres en
1990 qui, pendant un mois environ, ont eu tous les
comportements de nicheurs avec défense du territoire,
alarme près d'un tas de cailloux
malgré
l'absence de femelle. De même, nous avons
remarqué la présence d'individus
surnuméraires, surtout des mâles, autour des
sites de reproduction jusqu'à des dates
avancées ne leur laissant plus le temps de se
reproduire. Ces oiseaux peuvent facilement induire une
surestimation du nombre de couples nicheurs.
Les trois nids vérifiés étaient
situés dans des tas de cailloux et comportaient un
tunnel d'accès de 40 à 50 cm de longueur.
Les matériaux de construction étaient
conformes à ce que mentionne la
littérature.
Les dates de pontes, calculées d'après
l'âge des nichées, situent les premières
entre le 5 et le 15 mai - en majorité avant le
10 mai - et les secondes entre le 19 juin et le
4 juillet. LE MAO (1979)
mentionne pour les premières pontes une chronologie
similaire au cours des années soixante et
soixante-dix.
Le taux de réussite est calculé sur des
juvéniles âgés de 10 à
12 jours. En 1989, 7 couples ont tenté de
déposer une première ponte mais 2 ont
échoué en raison de la destruction du nid par
des engins de terrassement. Les 5 autres ont produit
12 juvéniles, soit 2,2 jeunes par couple.
À l'issue d'une seconde ponte, 4 couples ont
produit en moyenne 2,75 jeunes et le cinquième couple
a eu ses poussins mangés par un petit carnivore
(Belette Mustela nivalis ou Hermine Mustela
erminea). Sur la champagne de Méron, le couple
présent a produit une seule ponte, donnant
2 jeunes à l'envol.
En 1990, 6 ou 7 couples ont déposé une
première ponte et ont en moyenne mené
3 jeunes à l'envol (15 juvéniles
contrôlés). Une seconde ponte effectuée
par 4 ou 5 couples a abouti à l'envol de
2,3 jeunes en moyenne pour 3 de ces couples
(7 juvéniles contrôlés). Sur le
site de Méron, un couple présent jusqu'au
28 mai ne s'est pas reproduit.
La production de jeunes à l'envol par les nicheurs
angevins paraît très basse si on la compare
à celle d'oiseaux de deux régions des
îles Britanniques qui, pour un échantillon de
187 couples, élèvent, en moyenne,
4,2 jeunes par couple (CRAMP 1988 : 788). Cette
faiblesse du succès de reproduction pourrait
être un des éléments à l'origine
de la raréfaction des couples observée sur le
site de la plaine des Douces depuis le début des
années quatre-vingt (cf.infra).
La situation des Traquets motteux angevins correspond
à celle de la plupart des populations
françaises de plaine qui sont isolées et
fragiles car inféodées à des habitats
artificiels en évolution rapide. À
proximité du département de Maine-et-Loire,
l'espèce se maintient en petit nombre dans la Vienne
et les Deux-Sèvres (GOV 1991,
ARMOUET et FOUQUET 1995)
et pourrait être en expansion sur quelques secteurs du
littoral vendéen (OLLIVIER
1994).
BEAUDOIN J.-Cl., 1968.-
Données récentes sur la reproduction de
quelques espèces très locales en
Maine-et-Loire. Alauda, 36 (3) :
175-178.
CRAMP St. (eds), 1988.-
The Birds of the western Palearctic. Vol. 5. Oxford
University Press. Oxford.
FERRAND D., LOGEAIS
J.-M., MOURGAUD G., VRIGNAULT J.-D., 1992.- Synthèse
de 12 années d'observations ornithologiques au
lac du Verdon. Bull. synthèse Mauges Nature,
3 : 3-88.
GOV, 1991.- Les oiseaux
nicheurs de la Vienne. Groupe ornithologique de la
Vienne. Poitiers.
LE MAO P., 1979.- Mise
à jour sur la reproduction du Traquet motteux
Oenanthe oenanthe dans le Saumurois. Bull. Gr.
Angevin Ét. Orn. 9 (25) : 48-54.
MILLET DE LA
TURTAUDIÈRE P.-A., 1865.- Indicateur de
Maine-et-Loire. Tome II. Cosnier et Lachèse.
Angers.
OLLIVIER P., 1994.-
Traquet motteux, in YEATMAN-BERTHELOT D., JARRY
G.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France.
Société ornithologique de France. Paris.
pp. 516-517.
PIERRE P., 1987.-
Nidification du Traquet motteux Oenanthe oenanthe en
Lorraine belge et dans les régions limitrophes.
Aves, 24 (3) : 105-111.
bulletins et archives du Groupe angevin
d'études ornithologiques et de la LPO Anjou.