Bull. Gr. Angevin Ét. Orn. &emdash; LPO
Anjou, 1994, 22 (45) : 69
Évolution des effectifs
de la Chouette chevêche Athene noctua
dans une commune de Maine-et-Loire
entre 1975 et 1989
par Myriam et Patrice
PAILLEY
(PDF, 60 ko)
Introduction
La régression des populations de Chouettes
chevêches est constatée aussi bien en France
(GÉNOT 1990) qu'en Europe
(JUILLARD 1984) et ce, parfois
jusqu'à complète extinction dans certaines
localités. Néanmoins, en France ce
phénomène n'a jamais été
quantifié pour une période de plus de dix ans
et il n'existe pas de recensements fiables antérieurs
aux années soixante-dix dans la littérature.
Cette note tente de combler en partie ce manque de
données quantitatives sur le recul de
l'espèce.
Méthode
En 1975, Roger LECOMTE recensa l'ensemble des rapaces
nocturnes sur la commune du Louroux-Béconnais
(superficie de 6 557 ha). En 1989, ce recensement
est à nouveau effectué selon la même
méthode. Celle-ci consiste à écouter
les oiseaux chanteurs dès la tombée de la nuit
du début de février à la mi-avril -
sans avoir recours à un magnétophone - et
à observer directement les oiseaux.
Quatre-vingt-sept points d'écoute sont
déterminés sur carte pour l'ensemble de la
commune ; chaque point est situé au centre d'un
cercle de 500 m de rayon contigu aux autres. Chaque
point d'écoute est visité 2 ou 3 fois
pendant la période d'étude. Les sorties ont
lieu en l'absence de vent fort et de forte pluie.
Résultats et discussion
En 1975, 20 sites occupés par la Chouette
chevêche - c'est-à-dire par un couple ou un
mâle chanteur - ont été recensés
contre 10 en 1989. Les emplacements de 5 cantons sont
restés inchangés entre les deux
décomptes, mais le peuplement a perdu son
caractère homogène et se présente
désormais morcelé en îlots.
L'analyse du milieu fait ressortir des modifications
apparemment peu profondes entre les deux recensements. Il
n'y a pas eu de remembrement mais, néanmoins, une
disparition de certaines haies. La commune s'est un peu
agrandie avec des zones pavillonnaires. Les prairies ont
diminué au profit du maïs et les Ormes Ulmus
campestris ont disparu dans les haies. En 1976, les
poteaux téléphoniques creux non obturés
ont fait leur apparition. Ils représentent, en 1989,
80 % des poteaux de la commune.
Conclusion
La régression de la Chouette chevêche est un
fait acquis. Une multitude de facteurs peuvent en être
la cause. Ce travail se borne à dresser le constat
ponctuel d'une chute des effectifs sans pouvoir expliquer
véritablement les causes de cette régression.
L'implantation croissante des poteaux
téléphoniques non obturés peut
être un des facteurs locaux de régression. Mais
la destruction de l'habitat est insidieuse car, si le
paysage ne semble pas profondément affecté,
l'évolution de l'agriculture détériore
les ressources alimentaires de l'espèce (WEITNAUER
et BRUDERER 1987).
Remerciements
Nous tenons à remercier Roger LECOMTE qui a mis
gracieusement à notre disposition les
résultats de ses travaux et Jean-Claude GÉNOT
pour avoir relu de manière critique et
complété notre texte.
Bibliographie
GÉNOT, J.-C., 1990.-
Régression de la Chouette chevêche Athene
noctua Scop., en bordure des Vosges du nord.
Ciconia, 14 : 65-83.
JUILLARD, M., 1984.- La Chouette
chevêche. Nos Oiseaux. Prangins. 243 p.
WEITNAUER, E., BRUDERER,
B., 1987.- Veränderungen der Brutvogel-Fauna der
Gemeinde Oltingen in den Jahren 1935-1985. Der
Ornithologische Beobachter. 84 : 1-9.
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