Sommaire
du Crex n° 4, 1999
À propos des observations botaniques
intéressantes
en Maine-et-Loire en 1998
plantes indigènes, adventices
naturalisées,
subspontanées ou accidentelles ?
par Marie-Claire MARZIO et le Groupe
botanique angevin
1999, Crex, 4 : 73-79
PDF, 1,3 Mo
Introduction
Le botaniste de terrain, chargé d'études
dans le cadre des inventaires des ZNIEFF est souvent
perplexe face aux listes de plantes soumises à
protection établies pour le législateur, ou
encore celles de plantes déterminantes
proposées aux directeurs régionaux de
l'environnement (DIREN) aÞn de justiÞer
l'inscription d'un site à l'inventaire du patrimoine
national.
Que vaut la protection nationale attribuée à
une plante annuelle, telle la Pulicaire commune
Pulicaria vulgaris fréquente sur les milieux
exondés de la Loire, ou la protection
régionale attribuée à une plante
introduite tel le Faux-Nénuphar Nymphoides
peltata hôte de quelques boires
convoitées par les pêcheurs ! A
contrario comment lutter pour la sauvegarde d'une plante
localement remarquable mais non protégée, tel
l'Hélianthème en ombelle Halimium
umbellatum installé sur un hectare de terrain
destiné à l'ouverture d'une carrière de
graviers !
Seules les espèces indigènes
méritent-elles notre attention ? Quelle place
faire aux plantes immigrées spontanément ou
avec l'aide (volontaire ou involontaire) de l'Homme.
Certaines espèces médicinales ou comestibles,
voire ornementales échappées de cultures
ancestrales sont des témoins historiques de pratiques
horticoles aujourd'hui abandonnées.
À quoi servent les arrêtés nationaux,
régionaux, européens sans moyens pour les
faire respecter ?
Voici quelques-unes des réþexions que se font
souvent les membres du groupe botanique angevin. Ils vous
les livrent par cette note illustrée par les
observations intéressantes de la saison 1998, par
ailleurs moins riche que celle de 1997.
1. Quelques déÞnitions
La végétation résulte de la
mise en place, de la colonisation du terrain par la
þore, c'est-à-dire les
représentants d'un certain nombre d'espèces
végétales. Le botaniste a coutume de
distinguer les espèces dites
« indigènes » de celles dites
« adventices ».
1.1. Indigène
Ce terme est attribué « aux
espèces végétales qui peuplent depuis
très longtemps un territoire. Cela peut s'appliquer
à une échelle de temps
géologique » (BOUILLARD 1988).
La þore indigène de l'Anjou est relativement
récente si on la rapporte à la durée
des temps géologiques. Elle s'est installée
progressivement lors du réchauffement
postwürmien. Voici moins de 13 000 ans, vers
la Þn du dernier épisode glaciaire ou
Würm, le peuplement végétal
révélé par les analyses polliniques,
était celui de steppes très froides. Les
espèces vivant alors ont disparu ou se sont
retirées vers le nord du globe terrestre.
L'essentiel de la végétation
considérée aujourd'hui comme indigène
est faite d'immigrées de plus ou moins fraîche
date, l'atlanticité du climat sur le nord-ouest de la
France ne datant que de 3 500 ans environ. La
France est alors couverte à 95 % de
forêts. Les défrichements successifs de la
forêt par l'homme (les plus importants datant
seulement du Moyen Âge), sont à l'origine du
bocage, des landes et des pelouses à
végétaux herbacés et arbustifs du
paysage régional actuel.
1.2. Adventice
Tiré du latin adventicius,
supplémentaire, cet adjectif s'emploie pour une
plante originaire d'une autre contrée qui colonise un
territoire sans qu'on l'y ait sciemment introduite.
1.2.1. Adventice accidentelle
Si une plante ne persiste que peu de temps dans ses
stations, elle est qualiÞée d'accidentelle.
C'est le cas du Chénopode couché
Chenopodium pumilio, découvert en août
sur les sables de Loire à
Saint-Rémy-la-Varenne. Originaire d'Australie, il est
décrit par LAMBINON dans sa þore du
Pas-de-Calais, car il affectionne les terrils charbonneux
aux températures de surface pouvant atteindre
50 °C comme les sables en été.
Une adventice est souvent une espèce
« indésirable », présente
dans une culture d'une autre espèce, tels les
Coquelicots ou les Bleuets dans les champs de
céréales ou les « mauvaises
herbes » des jardins.
1.2.2. Adventice subspontanée
On désigne sous le nom d'adventices
subspontanées des espèces qui se
maintiennent et se multiplient aux endroits où elles
sont apparues, mais sans essaimer ailleurs.
C'est le cas de l'Arabette tourette* Arabis
turrita, dont nous suivons depuis plusieurs
années une station bien installée sur les
coteaux de Faye-d'Anjou. Cette grande Crucifère, aux
siliques atteignant 12 cm, avait le statut
d'accidentelle dans la þore de des ABBAYES.
PRÉAUBERT l'avait observée à
Roc-en-Pail et CORILLION aux Ponts-de-Cé
fugacement.
Arabis turrita
(d'après ROTHMALER 1995).
C'est aussi souvent le cas d'échappées de
cultures telle l'Hellébore verte dont nous
parlerons plus loin.
1.2.3. Adventice naturalisée
EnÞn une adventice naturalisée est
une plante originaire d'une région située en
dehors du territoire étudié, introduite
fortuitement ou volontairement, mais se comportant
actuellement comme une plante indigène. C'est ainsi
que la Jussiée Ludwigia
grandiþora (américaine),
observée pour la première fois en 1980
à La Possonnière est devenue rapidement
envahissante sur les bordures aquatiques de la Loire, de ses
boires et des étangs, empêchant toute
lumière de pénétrer dans l'eau comme
autrefois la Châtaigne d'eau.
La migration végétale s'est
considérablement accélérée avec
la multiplication des voies de communication par
l'homme.
2. Évolution de la þore de
Maine-et-Loire
Elle est constituée d'environ
1 500 espèces (Þg. 1).
Fig. 1. &emdash; Remarquable intérêt
þoristique
du département de Maine-et-Loire.
Sa richesse est liée à la
multiplicité des biotopes de ce département,
de la prairie inondable aux pelouses calcaires
sèches, des landes sur sable aux landes humides, des
bois sur buttes sableuses aux bois de vallons frais, de
ceintures d'étangs aux bordures de cours d'eau plus
ou moins importants, etc.
Sur ces espaces, auprès de végétaux
installés depuis longtemps (à l'échelle
historique néanmoins) donc qualiÞables
d'indigènes, sont arrivées des adventices dont
certaines sont maintenant considérées comme
intégrées à la þore de
Maine-et-Loire.
Les espèces introduites et naturalisées depuis
un siècle au moins sont souvent assimilées aux
plantes indigènes.
Ainsi pour des ABBAYES, la þore armoricaine
« se compose des espèces et des taxons
intraspéciÞques indiscutablement
indigènes et, de plus, d'un nombre toujours croissant
d'adventices ».
La lecture des écrits ou la consultation des herbiers
de botanistes des XVIIIe, XIXe et
début du XXe siècles montre que
cette þore évolue rapidement tant par
disparition que par arrivée de nouveaux taxons.
C'est ainsi que le Bident à fruits noirs Bidens
frondosa, d'origine nord-américaine introduit
vers 1930, ou la Lampourde à gros fruits
Xanthium orientale, adventice accidentelle pour
PRÉAUBERT en 1929, sont devenues des espèces
très représentatives de la þore
ligérienne (CORILLION 1991). Depuis 1900 une centaine
d'espèces se sont installées et
Þxées déÞnitivement supplantant
souvent les taxons dits indigènes : le Bident
à fruits noirs est plus abondant actuellement que
les Bidents penché et triparti
indigènes.
CORILLION (1991) fait le point sur les changements
þoristiques observables dans le lit mineur et les
milieux proches des rives de Loire. Il estime à 18 le
nombre des espèces introduites entre 1965 et 1970,
tel l'Aster lancéolé Aster
lanceolatus, þeurissant abondamment en
septembre au sein de la haute végétation des
bords du þeuve.
La revue Erica n° 3 du conservatoire de
Brest estime à 106 taxons le nombre
d'espèces à ajouter à la þore
armoricaine de des ABBAYES (1971), dont la Nivéole
d'été découverte très
récemment dans tous les départements
armoricains dont celui de Maine-et-Loire (Soucelles, Feneu
et Huillé en 1998).
Notre groupe a eu le plaisir de découvrir
en 1997 et 1998 deux espèces non
décrites dans leurs þores usuelles, adventices
accidentelles pour l'instant (comme la Lampourde pour
PRÉAUBERT en 1929 !) : ce sont le
Chénopode couché et la Morelle
Fausse-Saracha, toutes deux sur les sables de la
Loire.
A contrario CORILLION écrivait
déjà en 1973
« 166 espèces, sur environ 1 600
en Anjou, appartenant surtout aux zones cultivées,
aux milieux tourbeux et aquatiques, ont été
éliminées ou sont menacées de
l'être ».
En 1998 il fallut entreprendre des actions pour
prévenir d'urgence la destruction de stations
devenues uniques dans le département, à savoir
l'Aconit napel de La Breille-les-Pins et
l'Hélianthème en ombelle de
Seiches-sur-le-Loir.
3. Observations intéressantes en Maine-et-Loire
en 1998
Nous choisissons de vous les présenter
classées selon les critères d'indigénat
ou d'adventicité déÞnis au premier
paragraphe, auquel on se reportera.
3.1. Maine-et-Loire armoricain
3.1.1. Plantes indigènes
Le retour au pays d'un botaniste
expérimenté, Loïc MARSAULT, a permis
d'attirer l'attention sur la tourbière de Bataille
sise sur la commune de Noëllet. Nous la pensions
disparue depuis longtemps. Tout à fait relictuelle,
à la limite d'un champ cultivé et d'un bois
très fermé, elle présente, outre des
Sphaignes, un cortège d'espèces
très intéressantes de milieu tourbeux :
quelques pieds de la rare Rossolis Drosera
rotundifolia, protégée au niveau
national, sont accompagnés de la Grassette
Pinguicula lusitanica, du Mouron
délicat Anagallis tenella discrète
Primulacée rose et rampante, ainsi que de la
Campanule à feuilles de lierre Wahlenbergia
hederacea, petite Campanulacée mauve
également rampante, de la Lobélie
brûlante Lobelia urens, du Millepertuis
des marais Hypericum elodes, etc.
Il y a grande urgence à sauver cette unique station
de Rossolis en Maine-et-Loire armoricain,
malgré le paradoxe de l'article 1 de
l'arrêté pris pour les plantes
protégées, à savoir qu'il ne s'applique
pas aux parcelles « habituellement
cultivées ». Cette parcelle ne l'est pas
encore ! Cette petite plante carnivore Þt reculer
les bulldozers lors de la construction de la faculté
de Quimper, sous la pression de la SEPNB (titrait
Ouest-France le 27.10.92) ; stoppera-t-elle
l'avancée des tracteurs sous la pression de la
LPO ?
Le bois voisin abrite une belle station de
Ptéridophytes, dont de très hautes touffes
d'Osmonde royale Osmonda regalis ; un
ruisseau le traverse avec sur ses berges de belles plaques
du Blechnum en épi Blechnum spicant.
Ces observations permettent de combler la case vide pour la
commune de Noëllet, sur l'atlas des
Ptéridophytes de Mauges-Nature (1995).
La zone de L'Alleud près de La
Possonniere nous a réservé une surprise :
la redécouverte d'une belle friche à
Armoise champêtre Artemisia campestris,
au milieu de laquelle nous passions maintes fois sans la
voir. C'est pourtant une grande Composée vivace,
aromatique, ligneuse atteignant 150 cm. Le sol de cette
zone, particulièrement sablonneux convient bien
à cette espèce tête de liste d'une
association décrite dans la þore de la
vallée de la Loire de CORILLION. La plupart de ses
compagnes sont là aussi. Cette association n'existe
plus qu'à l'état fragmentaire suite aux
travaux d'aménagement du lit majeur de la Loire.
Là encore la surface cultivée
s'étend et menace cette friche peut-être unique
dans le département.
3.1.2. les adventices accidentelles
Le même jour derrière la friche
à Armoise une parcelle
rudéralisée nous permet de dénicher un
pied de Lupin Lupinus angustifolius, messicole
de terrain sableux présumée disparue depuis
BOREAU. Ce site de L'Alleud est une niche écologique
pour quelques autres compagnes des moissons de terrain
siliceux redécouvertes depuis le début de nos
inventaires notamment la Véronique
trifoliée Veronica triphyllos, et le
Pied d'oiseau comprimé Ornithopus
compressus que CORILLION pensait éteintes
depuis 1950. Hélas cultures d'asperges et serres
gagnent du terrain chaque année.
Une Euphorbe prostrée Euphorbia
maculata d'origine nord-américaine,
jusque-là cantonnée dans les cimetières
d'Angers semble en sortir. Observée par L. MARSAULT
au cimetière de l'Est, il la retrouvait peu de temps
après en abondance le long de la voie ferrée
désaffectée de Montreuil-Juigné, tandis
qu'un membre de la Société d'horticulture
d'Angers signalait sa prolifération dans son jardin
à Écouþant. Elle a été
bien étudiée par HUGUET (1978). Ses conditions
écologiques sont constantes : bâches de
culture des établissements horticoles, allées
piétinées à sol caillouteux des
jardins, mais surtout allées et pots de þeurs
apportés dans les cimetières !
3.2. Maine-et-Loire oriental
3.2.1. Plantes indigènes
Le Baugeois nous a encore livré ses
richesses au cours de la poursuite de l'inventaire ZNIEFF.
À l'est de Baugé et près de Vaulandry
deux bois sur calcaire lacustre offrent au botaniste une
profusion d'Orchidées. Dans l'un d'entre eux au lieu
dit Vernus, une clairière entretenue sous ligne
électrique, outre le cortège habituel des
espèces de pelouse calcaire, est
agrémentée par une multitude de touffes
compactes de la très rare Véronique
germandrée Veronica austriaca teucrium.
Ses þeurs bleu très vif, portées par des
grappes axillaires très denses font là un
somptueux tapis. C'est en nous y rendant que
notre regard, fuyant le spectacle offert par
l'aéroport de Marcé, fut accroché par
la couleur inhabituelle de la berme : une station de
Géranium sanguin Geranium sanguineum
étalait ses grandes þeurs solitaires rouge
pourpre sur près de 30 mètres de long et
3 mètres de large, proÞtant de
l'éclairement retrouvé après
défrichement du terrain ! Espèce assez
rare, thermophile calcicole, ça et là dans
toute la France, elle n'était connue en
Maine-et-Loire qu'en trois autres stations.
3.2.2. Plantes adventices
naturalisées
Notre première découverte fut
vernale. En avril, au bord du Loir dans une cariçaie
noyée sous 30 cm d'eau, le long d'une haie de
Frênes plus que centenaires, nous repérons,
d'abord aux jumelles, 70 grosses touffes de la superbe
Nivéole d'été Leucojum
aestivum. Cette station est sûrement
très ancienne, les rives inondables du Loir lui ont
offert un biotope correspondant mieux à son milieu
d'origine que les jardins ! Cette belle plante à
bulbes (MARZIO 1996), est considérée par les
auteurs de þore (LAMBINON) comme probablement toujours
introduite et naturalisée ; elle est
néanmoins protégée au niveau
national. Le département de Maine-et-Loire est
donc à ajouter à la carte de
répartition de cette espèce en France
établie par DANTON & BAFFRAY (1995,
Þg. 2).
Fig. 2. &emdash; Répartition
française de la Nivéole d'été
Leucojum aestivum ;
rond présence actuelle ; croix : présence
passée ; flèche : Maine-et-Loire
(d'après DANTON & BAFFRAY 1995).
Dans le bois de Vernus déjà
cité, est installée, surtout en lisière
une belle station d'Hellébore verte Helleborus
viridis. Cette plante médicinale à
usage vétérinaire, aime les forêts
à humus doux sur calcaire ; plante
médio-européenne, elle est d'origine
étrangère à notre région, et
qualiÞable de subspontanée (voir plus haut). En
médecine vétérinaire c'est l'herbe
à sétons ou à broches. Quand
une bête était malade le paysan Þxait
dans le gras du cou de la vache ou l'oreille du cochon un
fragment de racine d'Hellébore pour provoquer un
abcès de Þxation ; le mal était
tiré hors de la bête ! Cette pratique
cesse au début du XXe siècle.
Cette plante est donc un témoin de médecines
vétérinaires anciennes. Nous n'en connaissons
que deux stations en Maine-et-Loire, elle mérite donc
protection.
La Grande Aunée* Inula
helenium doit son nom latin (helenium)
à l'épouse du roi Ménélas,
Hélène de Sparte, qui portait un bouquet
d'aunées lors de son enlèvement par
Paris ! Superbe Composée, atteignant plus de
deux mètres de haut, munie de feuilles mesurant
jusqu'à 70 cm et aux grands capitules jaune vif
de 6 à 8 cm, elle était signalée
abondante dans les prairies humides autour de Baugé
par (PRÉAUBERT 1929). Grâce aux
indications de Bernard TILLY nous l'observons d'abord
à Coin : quatre nouvelles stations sont
découvertes en 1998 dont une d'au moins
300 pieds dans le bois Lanfray. Cette espèce est
naturalisée de longue date dans une grande partie de
l'Europe. Mellifère et médicinale : on en
prélevait l'inuline pour les
diabétiques ; sa souche a aussi des vertus
toniques, diurétiques, expectorantes dans le
traitement des affections bronchiques, digestives et
vermifuges. Elle affectionne les lisières
forestières et les fossés sur sols marneux et
argileux.
3.2.3. Adventices accidentelles
La Bartsie visqueuse Parentucellia
viscosa est bien installée près d'un
étang artiÞciel dans le bois de la Roche-Hue.
Cette Scrofulariacée jaune, espèce velue,
visqueuse vit en hémiparasite sur les
Graminées, et quoiqu'annuelle est assez stable dans
ses stations peu nombreuses en Maine-et-Loire (cinq
ou six).
Parmi les messicoles, adventices compagnes des
moissons, le Chrysanthème des moissons
Chrysanthemum segetum belle Composée jaune a
été observé en deux endroits,
près de Vivy, et aux environs de Vihiers. Il semblait
disparu du département ! Plusieurs sujets de
Pied d'Alouette Consolida ambigua aux
þeurons bleus ou roses ont été
retrouvés à Méron.
EnÞn l'Ibéris amer Iberis
amara, voisin des corbeilles d'argent de nos
jardins, devenu très rare à été
découvert près de Vivy par Olivier LOIR. C'est
une adventice des moissons, des vignes, des lieux pierreux
des terrains calcaires.
Conclusion et discussion
Toute espèce végétale
intéresse le botaniste. Pour lui il n'y a pas de
« mauvaise herbe » et les bordereaux
d'inventaires pour le Massif armoricain n'excluent pas les
nombreuses espèces nitrophiles liées à
l'activité humaine, qui envahissent et banalisent
progressivement les plus beaux biotopes (ce dont il a lieu
de s'inquiéter gravement !).
La þore de Maine-et-Loire est une þore
récente dans laquelle toute espèce actuelle a
été une adventice il y a peu, si l'on se
réfère à l'échelle
géologique du temps. Le botaniste s'intéresse
à l'arrivée de nouveaux taxons mais
s'inquiète plus encore de la disparition des anciens
par destruction de leurs milieux de vie. Très peu
d'espaces naturels ne sont pas touchés par
l'activité humaine.
C'est au XIXe siècle que l'on commence
à s'inquiéter de l'appauvrissement croissant
du patrimoine þoristique. En France il faudra attendre
1982 pour voir promulguée la première liste
nationale des espèces protégées sur
l'ensemble du territoire métropolitain.
Les critères d'admission sur cette liste sont
multiples : degré de rareté ou de
vulnérabilité mais aussi dimension
économique de certains taxons. Figurent dans cette
liste certains parents de variétés
cultivées (Tulipe sylvestre, Anémone
pulsatille), certaines messicoles liées à
des pratiques culturales révolues
(Gagée, Adonis), et des espèces
indiquant des milieux rares ou originaux
particulièrement menacées (Rossolis,
Laîches). Le département possède
24 de ces taxons (Þg. 1) sur moins de
5 stations en général.
Des listes régionales sont venues compléter
les listes nationales : le département
possède encore 80 des 151 espèces
inscrites sur la liste des Pays de la Loire établie
en 1993.
La consigne ayant été de ne pas alourdir
excessivement ces listes, beaucoup de taxons rares et
menacés dans notre région n'ont pas
été retenus. Des listes rouges ont
été élaborées très
récemment par les conservatoires de Brest et du
Bassin parisien. Beaucoup d'espèces qualiÞables
d'adventices naturalisées y sont retenues, telles
l'Hellébore verte (deux stations en
Maine-et-Loire) et la Grande Aunée, toutes
deux plantes médicinales ayant repris leur
état sauvage, après l'abandon de leur culture
par l'homme.
L'intérêt de la þore sauvage ne saurait
reposer sur les seuls critères d'indigénat ou
d'adventicité. Il convient de raisonner en terme de
biodiversité des espèces et des habitats.
Protéger les milieux où se maintiennent des
espèces anciennes, où puissent s'installer de
nouvelles espèces, et enÞn se réfugier
des oubliées de pratiques horticoles révolues,
plantes comestibles, messicoles, ornementales,
médicinales, doit être le souci de tous,
aÞn que la þore sauvage ne se cantonne pas,
à plus ou moins court terme aux parcelles de terrains
achetées et entretenues par les associations de
protection de la nature, ou encore aux réserves
naturelles ou volontaires comme celle du pont
Barré !
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4e édition.
MARZIO M.-Cl. 1996. &emdash; Propos sur quelques
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PRÉAUBERT, non daté. &emdash; Notes
manuscrites d'excursions.
ROTHMALER W., 1995. &emdash; Exkursionsþora
von Deutschland. Band 3. Gefäßpþanzen:
Atlasband. Éd. Gustav Fischer, Jena, Stuttgart.
754 p.
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